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Quelques
articles de presse ou trouvés sur Internet (merci à
leurs auteurs) :
Matra connut une ascension fulgurante
dans la domaine sportif, avec ses Formules 1
et ses sport-Prototypes. Hélas, ses
voitures de série restaient décevantes. La Murena
est sans doute la plus aboutie de ces sportives mal-aimées
et sous motorisées. Avec le rachat des filiales françaises
de Chrysler (ex Simca)
par Peugeot en 1979, Matra
voit l'opportunité de choisir ses moteurs dans une
banque d'organes bien plus large. L'image de Matra,
Champion du Monde de Formule 1 et triple
vainqueur du Mans, profitera de cette
mise en valeur des capacités dynamiques et structurelles
de ses voitures à moteur central. Pour mieux marquer le
changement, on décide de lancer une nouvelle voiture, la
Murena, pour remplacer la Bagheera.
La Murena, une Bagheera
aiguisée
La Murena conserve l'essentiel des
caractéristiques de la Bagheera, son
moteur central transversal, ses trois places de front et
ses phares escamotables, et en reprend également les
bases techniques, avec une structure en tôles embouties
et soudées sur laquelle sont collés des panneaux de
carrosseries en matériau composite à base de résine et
de fibre de verre.
En revanche, Antoine Volanis, qui a été
chargé de dessiner la nouvelle Talbot-Matra,
s'éloigne délibérément des volumes un peu épais de
la Bagheera pour créer une carrosserie
aux lignes tendues et très nerveuses. Avec son profil en
coin très dynamique, ses porte-à-faux avant et arrière
allongés et de larges surfaces vitrées, la Murena
gagne en élégance et en finesse, tout en suggérant la
performance par ses lignes aiguisées. Pour sa
construction, la Murena profite des
nouvelles installations industrielles de Romorantin.
Elle sera la première voiture à profiter d'une
protection anti-corrosion à chaud. De plus, cette
technique très particulière, encore utilisée sur les Renault
Espace aujourd'hui, apporte un supplément de
ridité structurelle inattendu.
L'héritage de la Bagheera
..
Au tout début des années 70, lorsque Matra
met en chantier la Bagheera, la marque
est en pleine gloire sportive. Elle vient de remporter le
Championnat du Monde de Formule 1, en 1969,
et se lance à l'assaut des 24 Heures du Mans.
Il n'est donc pas question de renoncer au moteur central,
hérité des Matra Djet et 530, qui fait
référence aux voitures de compétition. De même, il n'est
pas question de construire une stricte deux places, à la
clientèle trop limitée. C'est à la suite d'un déplacement
à trois dans un break que l'idée des trois places de
front vient à Philippe Guédon, le
patron de Matra, alors directeur
technique de la marque. La Bagheera ne
sera pas une voiture comme les autres, ce sera une 2 + 1,
une formule inattendue et originale. Avantage de la
formule sur la 2 + 2 conventionnelle :on revient à un
empattement plus court de 2.37 m, qui facilite la rigidité
structurelle.
Enfin des mécaniques plus appropriées
.
D'emblée la Murena se voit dotée de mécaniques
plus puissantes que la Bagheera, puisées
dans la vaste gamme Peugeot-Talbot. La
première à être commercialisée, en septembre 1980,
est la version de base équipée du quatre cylindres 1
600 cm3 de 92 ch, rapidement suivie d'une version équipée
d'un 2.2 litres de 118 ch. La transmission, aux roues
arrière, est assurée par une boite manuelle à cinq
vitesses. Les qualités de son châssis et son moteur
central sont pourtant nettement sous-employés par ces mécaniques
bien en dessous de son potentiel dynamique. La Murena
ne connaîtra jamais le succès de la Bagheera.
En septembre 1980, une version de 142 ch
est proposée par Matra, la Murena
S, dont la vitesse de pointe atteint les 210 km/h.
Peugeot connaît des difficultés, l'absorption
de Chrysler et le « flop » de la résurrection
de Talbot freinent le développement de
la Murena qui ne reçoit pas les moteurs
plus puissants qu'elle pourrait facilement accueillir. Sa
carrière s'arrête en 1983, en même
temps que le contrat qui lie Matra à Peugeot.
Elle aura été produite à un peu plus de 10 000
exemplaires en quatre années, alors que sa
devancière, la Bagheera, pourtant bien
moins brillante, avait été construite à plus de 47
000 unités en huit ans. Elle laissera un goût
d'inachevé et beaucoup regrettent que l'on ait pas mieux
exploité son potentiel.
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